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du tabac qui nous protège de la fumée de l'opium doit être subie sans trop de
protestation de la part de l'hygiène."167
De la même façon que dans l'art de guérir les espices ne désignaient que les
aromates orientaux, dans l'art d'avilir la drogue est asiatique ou sud-américaine. La
vogue de l'orientalisme à fait place à la phobie de l'Orient.
§ 1. L'émergence de l'aliéniste
La loi du 31.12 1970168dispose en son article 1er que "toute personne usant
d'une façon illicite de substances ou plantes classées comme stupéfiants, est placée
sous la surveillance de l'autorité sanitaire ". Rien de tel ne transparaît dans le corps de
la loi de 1916, son seul but étant d'organiser un contrôle de la circulation des produits
en France et confier le monopole de leur prescription aux médecins et le monopole de
leur distribution aux pharmaciens. La lutte contre la drogue n'est pas considérée comme
un enjeu majeur de Santé publique, seul l'alcoolisme préoccupe.
La raison en est simple: malgré les scandales et malgré l'évidence des dégâts,
l'usage de stupéfiants reste malgré tout considéré comme un vice fort coûteux,
l'apanage d'une minorité de nantis et de décadents. Il est vrai que les lois de 1908 et de
1916 ne permettent plus à tout un chacun d'acquérir pour quelques sous d'opium chez
le pharmacien et que l'évolution des moeurs et des techniques a propulsé au podium de
nouvelles préparations, particulièrement onéreuse: morphine, héroïne, cocaïne.
Un syndrome opiomanese dégage pourtant rapidement, à mesure que l'idée
que le toxicomane est un malade prend de l'ampleur. Les médecins commencent à en
disserter dans les pages des premiers journaux à sensations, tandis qu'à la Une s'étalent
de plus en plus souvent les derniers scandales de la drogue.
La toxicomanie est perçue et traitée comme un fait divers. Mais un fait divers
attractif pour le lecteur qui peut ainsi saisir les personnalités politiques et artistiques les
plus en vue, prises au piège de leurs voluptés coupables. Le stéréotype du toxicomane
est modelé dans la glaise sensationnelle et attend des débats médicaux qu'ils lui
insufflent vie.
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