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de ce mystère du cycle végétal, qui a fasciné pendant des millénaires l'homme devenu
agriculteur. La première gestion de cette magie végétale s'est effectuée au sein des
cultes d'adoration de la Terre-Mère, complétant ceux des mystères de la fertilité
féminine.
Mais ces matriarcats méditerranéens ayant déclinés, au rythme de la propagation
de la réforme patriarcale de la Cité-Etat, l'énigme du renouveau végétal s'est trouvé
sans encadrement cultuel suffisant: les survivances locales et leurs avatars46ne suffirent
pas à gérer une si grosse affaire. Le défaut de culte organisé n'empêcha pas la naissance
ou le renouveau d'une mystique pastorale, une pensée agraire un peu trop rapidement
qualifiée de populaire, prête elle-aussi à expliquer le tout par la partie, le microcosme
par le macrocosme, et réciproquement.
Il n'est alors pas étonnant que fleurirent des interdits et des mythes sur les
plantes germinales et sur les oeufs. Les exemples les plus frappants étant la fève et
l'oeuf, les deux protagonistes d'une symbolique à succès pluriséculaire et
particulièrement féconde en détournement, analogie et interprétation, depuis les fèves
utilisées pour voter à Athènes, à la peu innocente fève de la galette.
Sans compter les innombrables variations sur l'oeuf, oeuf de Pâques ou oeuf
humain. La symbolique de l'oeuf est si riche qu'elle fut logiquement utilisée dans
toutes les mythologies cosmogoniques et notamment les mythes concurrents des mythes
officiels: mythes sectaires, mythes locaux; l'oeuf primordial est partout.
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L'eau ; est sans doute le principe alimentaire universel par excellence. Elle est
source et aboutissement, agent de toutes les purifications mais aussi de toute
putréfaction, elle est complètement ambivalente, ambiguë et donc sacrée. L'eau est
certes un aliment biologiquement utile puisque le plus indispensable à la vie, mais c'est
son rôle culturel de premier plan qui est le plus important.
L'eau est ainsi l'agent du passage d'une alimentation du cru à celle du cuit, ce
qui marque un repère essentiel dans la constitution d'une culture. Celui qui mange cru
ne valant guère mieux que l'homophage, il est au mieux un barbare ensauvagé et au
46Notamment le culte de Demeter et les mystères d'Eleusis
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