nihilisme³⁸, et ce d'autant plus volontiers qu'ils disposent d'un modèle de remplacement, à leur propre usage, qui ne demande qu'à être étendu à l'ensemble de la société. Mais il faudra encore attendre pour qu'une religion organisée puisse imposer le pouvoir de sa structure à l'ensemble de la société.

Les aménagements intérieurs, moins radicaux mais sans doute plus efficaces, proposent un modèle, non plus mythique mais philosophique, qui met l'accent sur le caractère propre de l'humain: la mesure, le juste milieu.

C'est la fuite vers le haut, par le biais de l'abstraction, dans le monde véritable des idées platoniciennes et dans la cité idéale du prince philosophe. Un modèle politique qui repose lui aussi, certes implicitement, sur un comportement alimentaire car faisant l'éloge d'une institution sociale, mi-politique mi-domestique, alliée à une discipline personnelle: symposionet askesis

Les références au banquet ne sont pas rares dans la littérature grecque, notamment dans l'oeuvre platonicienne qui fait une large place à la sympotique et à son corollaire obligé: la théorie de l'éducation. Cette importance politique n'est pas fortuite, puisque le but même de l'institution est de se retrouver entre hommes pour vivre le propre de la vie politique athénienne.

C'est à dire alimenter des discutions savantes, de philosophie et de politique, rythmées de rasades de vin. Ce rituel est au moins aussi important que le fond du discours lui-même: la domestication de l'ivresse donnant toute sa légitimité au symposion, car le vin est un intermédiaire, un metaxu , comme le philosophe lui même qui est intermédiaire entre le sage et l'ignorant³⁹.

Contre les législations lacédémoniennes et crétoises instituant des repas

communautaires

(obligatoires à Sparte), mais proscrivant l'usage du vin, comme les

fêtes dionysiaques ou les banquets, contre ces austères législations doriennes qui

38_{( De "ni hile " qui signifie "sans fève".}
39_{PLATONLe banquetinOEuvres complètesIGallimardParis1950TraductionL. ROBIN} "-Quels sont donc alors, Diotime, m'écriais-je, ceux qui s'emploient à philosopher, si ce ne sont ni les sages, ni les ignorants ?
- La chose est claire, dit-elle, et même déjà pour un enfant ! Ce sont ceux qui sont intermédiaires entre ces deux extrêmes, et au nombre desquels doit aussi se trouver l'Amour. La sagesse en effet est évidemment parmi les plus belles choses, et c'est au beau qu'Amour rapporte son amour; d'où il suit que, forcément, Amour est philosophe, et, étant philosophe, qu'il est intermédiaire entre le savant et l'ignorant.": 204, b

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