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La carence des législations devient patente. La loi du 21 avril An XI, se borne à interdire la préparation artisanale des remèdes et de protéger le monopole des pharmaciens, ce qui revient à établir une définition de la drogue purement organique: les effets du produit n'importent pas, seule sa provenance est prise en compte. Quant à la loi de 1848 sur les substances dangereuses, elle se résume à une loi de circonstances dont le but est uniquement de lutter contre les empoisonnements, particulièrement ceux à l'arsenic.

Ce qui peut ressembler à une indifférence du législateur s'explique par la politique de santé publique du XIXe Siècle qui mobilisait toutes les énergies à améliorer le régime alimentaire ouvrier, identifié - lui aussi - comme cause principale de tous les maux157. Les esprits était mobilisés pour la traque des fraudeurs, des mouilleurs de lait, des corrupteurs de vin, des passeurs de viande, des écrémeuses...

Ainsi, les autorités avaient conscience des dangers du mélange entre chimie et alimentation, mais elles n'en isolaient qu'une seule source: les fraudeurs. S'il est vrai que le constat des falsifications alimentaires était édifiant, elles ont pourtant toujours existé.

La farine de froment fut de tout temps trafiquée158, mélangée à de la fécule de pomme de terre ou à de la craie pilée, quand il ne s'agissait pas de sulfate de cuivre159. Quant au vin, il bat certainement tous les records, l'ingéniosité des contrefacteurs s'étant révélée sans limites160. L'obsession est telle qu'un Dictionnaire des altérations

et falsifications des substances alimentaires 1867.161

fut conçu par un certain Chevallier en

Pour espérer une politique de lutte contre la toxicomanie, il aurait donc fallu au préalable isoler la nature du problème et ensuite attirer l'attention d'un législateur persuadé d'avoir déjà achevé le travail. Mais il arrive aussi que de mauvais raisonnements puissent amener à la bonne solution.

La toxicomanie ambiante n'était pas sans inquiéter les pharmaciens, non que les problèmes de santé publique les émût particulièrement, mais parce que - pour eux - c'était le signe que l'affirmation de leur monopole n'avait pas suffi à vaincre rebouteux

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157F.GUILBERTLe Pouvoir sanitaire. Essai sur la normalisation hygiéniqueop. cit. p. 69. 158" PAIN -- On ne sait pas toutes les saletés qu'il y a dans le pain " : G. FLAUBERTDictionnaire des idées reçuesMille et une nuitsParis1994p.72
159F.GUILBERTLe Pouvoir sanitaire. Essai sur la normalisation hygiéniqueop.cit.p. 123 160Comme le montre encore la récente affaire de l'adultération du crû Château Giscourt. 161F.GUILBERTLe Pouvoir sanitaire. Essai sur la normalisation hygiéniqueop.citp. 129

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