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législateur, qui vote la loi du 12 juillet 1916 sur l'importation, la détention et l'usage
des substances vénéneuse et notamment l'opium, la morphine et la cocaïne164: elle
soumet la circulation et la vente des toxiques classés en trois tableaux, à un régime de
contrôle rigoureux dés leur entrée en France et n'admet leur délivrance que sur
présentation d'une ordonnance médicale, visant personnellement un malade déterminé à
une époque donnée165. Quant à son application aux colonies, elle n'est prévue qu'au
terme d'un calendrier de réformes progressives, qu'il reste à élaborer...
L'arsenal juridique français réglemente donc le commerce de la substance mais
ne s'intéresse que peu à l'utilisateur. Or nous l'avons vu, l'utilisateur est coupable. Sa
pénalité sera médicale.
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Il faut bien admettre que les sociétés sélectionnent les drogues dont elles
peuvent tolérer l'usage: alcool, tabac, café, anabolisants, anxiolytiques... entraînent des
réactions physiques et psychiques qui ne les différencient pas toujours des substances
qualifiées de vénéneuses par la loi. Il s'agit d'une institutionnalisation de la drogue, une
pharmacomanie instaurant le cycle: soporifique, excitant, tranquillisant. Leur mise à
part rappelle la leçon du cannibale: le drogué, c'est l'Autre.
Les drogues bien de chez nous ne peuvent tout bonnement pas être dangereuses,
seuls les toxiques étrangers le sont. Peut-être même les vices locaux protège-t-il des
catastrophes importées: " Le secret d'une immunité dont nous jouissons encore à ce
point de vue[la consommation d'opium] est peut-être dans l'usage du tabac, qui, bien
qu'il ne soit qu'à moitié inoffensif, est loin d'avoir le danger de l'opium(...) La fumée
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