1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30

Et l'impressionnante statistique du tout jeune Laboratoire municipal n'avait
effrayé à l'époque que les médecins auxquels elle avait expliqué "l'appauvrissement
de certains organismes, la forme spéciale, anormale, inconnue de certaines
maladies."
363

Sur 36 échantillons d'alcool : 11 ont été déclarés BONS
9"PASSABLES
16"MAUVAIS.
Sur 76 échantillons de vinaigre :
20 ont été déclarés BONS
35 "PASSABLES
23"MAUVAIS.
Sur 1008 échantillons de lait, 456 étaient mouillés.
Sur 62 échantillons de beurre :
11 ont été déclarés BONS
25"PASSABLES
26"MAUVAIS.
Sur 31 échantillons de farine :
13 ont été déclarées BONNES
18"MAUVAISES
Sur 13 échantillons de pain :
9 ont été déclarés BONS
4"MAUVAIS (dont 3 toxiques).

Et longtemps le droit positif a été à la mesure de cette indifférence,
n'intervenant que pour sauver ce qui était possible, sans gêner le commerce et
l'industrie et sauvegarder au mieux une fiscalité pour le moins mise à mal.


Les arabesques du droit


En 1696 il fit très froid et quand il fait froid le vin est acide. Or dès cette
époque, pour l'adoucir, les vignerons y ajoutaient de la litharge et les buveurs
étaient pris de coliques très vives qui les rendaient malades jusqu'à l'extrémité
(coliques saturnines). Le 27 septembre 1697, une sentence de police condamna des
adultérateurs à 30 livres d'amende envers le roi et ordonna que "dans les autres
bourgs et villages de ladite ville (Argenteuil), prévôté et vicomté où il y a(vait) des
vignobles, enjoint aux curés et vicaires de lire et publier aux prônes de leurs
grandes messes, par trois différents jours, notre présente sentence"
364.

Or, en complète contradiction avec cette jurisprudence stable pendant près d'un
siècle, le roi Louis XVI autorisa les marchands de Fismes, par brevet, à préparer
des liqueurs pour colorer les vins. Tradition frauduleuse qui fera encore des
victimes au XIXème siècle. 
365En 1856, des hygiénistes firent l'expérience
d'écrire à des préparateurs de vins de teinte pour leur demander s'il n'y avait pas à
craindre d'être condamné si l'on en faisait usage. Les réponses démontrèrent
l'inutilité de l'interdiction légale nouvelle de colorer les vins par des matières
étrangères au raisin et un marchand fit même observer que sa teinte était brevetée...

On pourra rétorquer que les brevets sont affaire d'administration et qu'en ce
domaine l'ordre a de tout temps été difficile à imposer. Mais pourquoi le droit
faisait-il si peu peur aux falsificateurs ?

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363Id.
364Signé De VOYER d'ARGENSON, rapporté dans HPML, V, (1856), p. 8.
365Cf.CHEVALLIER, "Note sur la coloration artificielle des vins", HPML, V, (1856), p. 8.
(sur les vins de territe de Fismes et de Poitiers). Le roi avait pris l'avis de la Société royale de
médecine avant de délivrer son brevet.

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