les leçons de l'expérience dynamique. Aussi susceptible d'excoriations que le
postérieur du cavalier, le pied du fantassin fut l'objet d'études et d'essais constants.
Reproduit une quantité incalculable de fois dans les revues, passage obligé de
tous les traités d'hygiène, le schéma des pieds où se logeaient les efforts de la
raison hygiénique, marquait du sceau de la science ce qui devait parfois aider à faire
30 ou 40 km dans la boue.
Plus susceptible de souffrir des abus de la coquetterie que la chaussure, la
coiffure préoccupe l'hygiéniste militaire. En 1890, du reste, le ministère de la
Guerre lança un concours public pour essayer de résoudre cette question qui n'était
futile qu'en apparence, car les méfaits de la pluie, du froid (étudiée lors des
expéditions polaires) et du soleil (un grand ennemi de la conquête coloniale) étaient
parfois dramatiques.
Morache, le grand hygiéniste militaire, avait tenté de définir rationnellement
l'idéale protection d'une des parties les plus vulnérables de l'anatomie : "La coiffure
militaire type est celle qui, aussi légère que possible, emboîte bien la tête du soldat,
dont le centre de gravité se trouve sur la même verticale que celle du crâne et dont le
poids se répartit bien sur la circonférence" 46.
L'observation ethnologique qu'avaient favorisée les conquêtes coloniales,
aidait à multiplier les inventions et démontrait surtout à quel point chaque peuple
était attaché à ses traditions de coiffure. Ainsi, le Turc ou l'Hindou, bien que mis en
redingotes et pantalons, conservaient qui son fez, qui son turban.
En Algérie, la nécessité vitale que représentait la conception de la coiffure,
imposa des recherches très poussées qui expliquent le développement du fameux
casque colonial.
A la fin du XIXème siècle, la très contagieuse élégance du chasseur alpin
gagne toutes les têtes et convainc même l'hygiéniste : "C'est une coiffure de
campagne élégante, légère, ne donnant pas prise au vent et qui peut protéger les
yeux contre la réverbération des glaciers" 47. On sait aujourd'hui les ravages
culturels qu'a fait le béret basque de ces hardis montagnards.
La première guerre mondiale devait confirmer, en même temps que l'utilité
incontestable du casque 48 contre les projectiles, la nécessité de l'hygiène corporelle
dans la vie militaire.

Purs et durs

Bien avant celle du corps, la propreté du linge avait fait naître une organisation
précise et rigoureuse dans l'armée. Une série de règles avaient même fixé le nombre
de blanchisseuses nécessaires à chaque bataillon 49. En 1854, la vapeur fit son
entrée à la caserne et un règlement (19/7) réorganisa le blanchissage par la technique
nouvelle des buanderies. Les blanchisseuses vivandières survécurent à l'arrivée de


46 MORACHE, op. cit., p 380.
47 Id., p. 386.
48 Voir, par exemple : Dr. ROSSINES, "Observation d'un cas de protection du crâne par le casque
d'infanterie", HPML, XXVII, (1917), p. 125.
49 L'arrêté du 7 thermidor de l'an VIII et le règlement du 11/10/1809, en particulier, en exigeaient
deux.
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