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Cet autre tableau 25montre les exigences de taille suivant les différents corps et
les capacités professionnelles que l'on souhaitait y trouver. Notons que tout ce qui
exigeait l'équitation imposait des tailles plus élevées car il fallait au moins pouvoir
sangler sa monture.


D'une façon générale, et ceci jusqu'à la première guerre mondiale, les
médecins pensaient que le recrutement manquait de sévérité et faisait peser ainsi sur
les individus sains, la menace d'une contamination par les suspects. En complet
désaccord avec les militaires et les politiques, obsédés par l'idée de grossir les
rangs, les hygiénistes se mirent en plus, au début du XXème siècle, à vouloir
pourchasser les dégénérés mentaux. Ils ne manquaient pas, notamment dans les
troupes d'Afrique
26et l'armée coloniale. La loi du 21 mars 1905 qui faisait du
service militaire une obligation rigoureusement égale pour tous avait très vite
dévoilé l'impossibilité d'instruire les recrues comme il l'aurait fallu. Un noyau de
professionnels s'étaient alors constitué et rappelait l'armée de la fin du second
Empire quand le système des exonérations s'était substitué au remplacement et
concentrait les professionnels dans une armée que l'on souhaitait confier, leçon de
la guerre de Crimée, aux mains d'hommes aguerris. Mais au début du XXème
siècle personne n'aspirait à voir s'organiser une armée de métier et les soldats
expérimentés, bien qu'instruits, étaient souvent jugés mentalement dégénérés. De
nombreuses études sur les engagés volontaires constataient leur faiblesse psychique
et démontraient la nécessité d'établir un examen mental par un médecin expert
"familiarisé avec les tares physiques et psychiques, les stigmates corporels et
intellectuels qui décèlent le dégénéré."
27S'engager volontairement était suspect en
soi car une pression sociale existait alors pour "condamner" à l'engagement tous les
turbulents, instables, alcooliques ou débauchés. Véritables rebelles en puissance les
"engagés, têtes brûlées", comme disait alors un dicton populaire, allaient souvent

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25Ibid., p. 317.
26Rappelons-nous le gourmet bactériologique qui passait pour un taré de l'esprit aux yeux de
nombreux hygiénistes. La proportion des réformés pour aliénation mentale était double dans les
Bataillons d'Afrique. cf.Dr. JUDE, Les dégénérés dans les bataillons d'Afrique, Le Beau,
Vannes, 1907.
27J. SIMONIN (professeur au Val de Grâce), "Les dégénérés dans l'armée", HPML, XXXII,
(1909) p. 45.

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