Parallèlement, l'époque influait sur les moyens et par exemple l'épilepsie, très
enfaveursousle premierEmpire,avait cédé saplace à l'aphoniesous
NapoléonIII.

Les ressources de cet art ne s'arrêtaient pas au conseil de révision et pouvaient
être utiles au cours du service, notamment pendant les guerres. Les médecins
légistes, experts des dégâts criminels sur le corps, ont fourni nombre d'articles et
d'ouvrages sur la question de la reconnaissance des blessures volontaires.

Quelquefois, la méthode relevait de la psychiatrie. Ainsi des disciplinaires
(rapatriés d'Afrique) avaient-ils un jour décidé de s'amputer chacun un doigt de
pied pour ne plus marcher. Transformant l'opération en farce, ils avaient décidés de
lier les six doigts en bouquet et de les attacher à la porte. "Tout était prévu, même la
musique, sur l'air de "Je ne marche pas, j'ai les ripatons, etc...". Ce fut une
allégresse folle. Derrière la bonne farce, on entrevoyait d'ailleurs un mois d'hôpital
et même, paraît-il la réforme." ⁴¹Deux hommes étaient déjà amputés quand le poste
survint et arrêta le massacre. Ils furent soignés à l'hôpital.

Du vrai au faux déchet, la médecine militaire va devoir trancher afin de trouver,
en quantité et qualité suffisante, la matière première de l'armée.

3. Anthropotechnie militaire

Une des grandes nécessités de tous les corpsde métier est de pouvoir
s'identifier et donc, faire se ressembler les hommes simplifie grandement les
choses. Or si le métier de soldat demande, comme beaucoup d'autres,
l'uniformisation, celle-ci se distingue cependant par son haut souci de
fonctionnalité.

L'unique forme

"Je vous ai rencontré plusieurs fois,
drapé d'espérance (laissez-moi poétiser
ainsi votre longue redingote verte). Les
pans de cette redingote claquaient au vent,
tel un drapeau, et vous me plûtes." ⁴²

En tout premier est venu le besoin de reconnaissance et comment s'en étonner,
la guerre n'est-elle pas d'abord faite pour éliminer ses ennemis ? Aussi quel
réconfort fut pendant longtemps le pantalon rouge des chasseurs à pied, si vite
repéré par ses camarades. Cependant, après la défaite de 1870, des expériences
scientifiquement conduites, démontrèrent ce que le bon sens avait sans doute
préalablement appris : certaines couleurs facilitaient le succès des tirs ennemis. Le
tableau ci-dessous, établi par J. Gérard et l'armurier Devismes convainquit

41_{C.M., (1911), p. 55. Le député LEFAS avait rapporté dans l'Eclair (29 décembre 1910) des cas}
d'auto-mutilations volontaires qui avaient alors défrayé la chronique.
42_{A. ALLAIS, "Deux et deux font cinq", Lettre à Paul Déroulède.}

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