1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24

Chez les prostituées, les signes de dégénérescence affinent le diagnostic :

4 % avaient
12 %-
30 %-
16 %-
12 %-
2 %-
2 %-

1 signe de dégénérescence
2 signes de dégénérescence réunis
4 -
5-
6-
8-
9-

Parent-Duchâtelet avait aussi fait des observations physiologiques sur les
prostituées. Il s'était attaché aux pesées et mesures, à l'écoute du timbre de leur
voix, à la couleur de leurs cheveux, yeux et sourcils ; et aussi en véritable
explorateur des cloaques, à l'état des parties sexuelles, de l'anus et de la
menstruation. Mais il en avait fait plus des victimes que des coupables : "Ces
malheureuses, livrées à la brutalité d'une foule d'hommes blasés sur les jouissances
que permet la nature, ne refusent pas toujours les communications illicites"
73.
Cependant, la physiologie n'était qu'une partie de son approche, principalement
sociologique.

Pour le "cause-premiériste", la prostituée est d'abord victime de son hérédité :
"Il y a des familles de prostituées, comme il y a des tribus de podagres et de
gravelleux"
74. Tous ont un "capital biologique". Véritable patrimoine, il est
l'ensemble "des droits tant actifs que passifs" qu'on laisse en mourant. Or, les
tristes antécédents de la prostituée : parents tuberculeux, alcooliques, syphilitiques,
aliénés, à moeurs dissolues, fournissent un "capital organique déjà gaspillé,
profondément modifié"
75.

Dévoyée ab ovo, la trajectoire de la prostituée potentielle ne pouvait aboutir
qu'à la prostitution. Voyons éclore cette fleur du mal : "On note chez la prostituée,
d'après son propre récit ou celui de ses parents, des éruptions eczémateuses, des
rhumes, coryzas, et surtout ces bronchites si caractéristiques, bien spéciales par
leur fréquence, leur intensité et leur courte durée, les angines tonsillaires, les
palpitations, le vertige, les convulsions, les névralgies dentaires. Les phénomènes
ovariens viennent s'ajouter à ce tableau, et l'appareil génital, comme les autres
appareils antérieurs à lui, manifestera sa pénible élaboration cellulaire, et la
prostitution naîtra"
76.

Signes évidents de dégénérescence, l'onanisme et la sodomie s'additionnent
aux tatouages, au strabisme, aux grains de beauté, etc.

Très souvent accusé, l'alcoolisme des parents produit une cascade de
monstruosités héréditaires :

"1º L'aîné est au moral ce qu'était le père : il offre en plus une lésion organique du
coeur. Sa femme ne présente rien de particulier à signaler. Ils ont trois enfants,
deux filles et un garçon. La plus âgée a manifesté de bonne heure une passion
violente pour les excès vénériens et a donné le jour à un enfant hydrocéphale. Quel
était le père ? Il serait difficile de le dire, parmi tant d'individus qui peuvent à juste
titre revendiquer la paternité. Sa soeur, jeune encore, est de moeurs non moins
dissolues. Le fils est tout à fait imbécile, épileptique et ivrogne.


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73A. PARENT-DUCHATELET, La prostitution à Paris au XIXème siècle, publié en 1835, texte
présenté et annoté par A. CORBIN, Seuil, Paris, 1981, p. 140.
74O. SIMONOT, id., p. 541.
75Ibid., p. 543.
76Ibid., p. 546.

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