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résultant de la nécessité, pour les habitants, de se mettre à l'abri des vents et des
intempéries et, par conséquent, de fermer, hermétiquement et constamment, portes
et fenêtres, en dépit de consignes rigoureuses.La vieille caserne de Rodez, située au
centre même de la ville, au milieu d'un fouillis de vieilles maisons et de rues
tortueuses, mais se trouvant, par celà même, à l'abri des violents courants
atmosphériques, est devenue, en quelque sorte, un sanatorium par rapport à la
caserne neuve et, à plusieurs reprises, de 1895 à 1903, on a dû y évacuer des
compagnies ou unités trop éprouvées à la caserne du Foirail".
C'était fait, les "vieilles contaminatrices" étaient des machines propres à guérir :
des sanatoriums ! Et cette révolution, au sens strict, a laissé croire, parfois, à la fin
de l'hygiénisme. N'avait-il pas fait de l'entassement l'outil rationnel qui
cartographiait le danger miasmatique ? L'imprégnation, le marais aérien et la sur-
infection, véritables schèmes qui découpaient le danger et sa possible conjuration
allaient-ils emporter dans leur sortie cette science du vivant qui avait fait du pavillon
son emblème ?

Morphologie de la complexité
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L'enquête, réalisée en 1906 sur tous les casernements, avait été provoquée par
l'observation d'une morbidité extraordinaire chez des hommes jeunes et choisis que
l'augmentation de la conscription obligeait à l'entassement dans des lieux parfois
conçus pour en conjurer les méfaits mais qui, paradoxalement, se révélaient encore
plus mortifères. Le retentissement considérable de cette enquête avait en fait
beaucoup simplifié son message. L'analyse des multiples données qu'elle avait
rassemblées vaut la peine qu'on s'y arrête un moment, car elle est la clef d'une
sorte de re-complexification de l'hygiénisme qui rappelle avec éclat l'état de cette
science avant l'arrivée du microbe.
Envoyé dans 134 casernes qui abritaient 95 000 hommes, le questionnaire de
l'enquête attirait l'attention sur la paradoxale supériorité des vieilles bâtisses et le
surpeuplement des bâtiments neufs. Il s'agissait de mettre en rapport la morbidité
provoquée par les maladies qui décimaient alors l'armée avec des facteurs qui, le
deuxième mis à part, concernaient tous la densité :
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1º Les types de casernement
2º La région climatérique occupée par ces derniers
3º La contenance des chambres
4º La densité de la population urbaine
5º La densité de la population casernée
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Répertoriés en six catégories, les casernements sont ici classés par ordre
d'ancienneté et leur nombre figure entre parenthèses :
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112 RABBI AGIBA, Pirqê Abôt, 3, 20 ; Scheftelowitz, p. 11, cité par M. ELIADE, Images et
symboles, Paris, Gallimard, 1952/1980, p. 149.
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