L'énorme complication des
problèmes militaires en milieu colonial servit
d'amplificateur aux réclamations hygiéniques
sur la rationalisation des conduites
sanitaires.
En période de guerre, la mort
illégitime prend des allures de désertion
biologique et l'histoire a fréquemment montré
la répercussion dramatique de la
morbidité sur le déroulement des guerres.
Aussi, la connaissance du passé va-t-elle
servir à l'élaboration d'un code
aiguisé par la modernité que cette
digestion
autorise. Mais les guerres surprennent toujours l'imaginaire
et les marges de
l'erreur elles-mêmes sont inévaluables. Alors,
fatalement, la guerre est aussi un
réapprentissage des limites auxquelles conduit le
comportement des hommes. La
gestion de ces débordements tous azimuts concerne le
vivant et regarde en cela
l'hygiéniste qui va chercher à résoudre
les difficultés nouvelles et remédier pour
le
mieux aux déchets qu'elles produisent.
Cependant, dans cette tourmente
biologique, la science elle-même se dégrade
et
sert des idéologies qui confortent
opportunément son pouvoir mais concrétise
en
cela la menace que peut faire subir le savoir à la
liberté.
80R. DEVOS,
"Ca n'a pas de
sens!",
1967.
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