Le juriste qui commet l'imprudence de
rencontrer des
psychanalystes pour parler de
l'anthropophagie découvre
très vite que l'horreur est
moins dans le sujet que dans le
fait qu'il doit traiter du vide
là où ses interlocuteurs
doivent trier dans la
pléthore. En psychanalyse, les frères
ont, dans la horde primitive,
mangé le père, et les enfants
font l'expérience de ce que
leur mère donne à manger alors
qu'elle n'est pas elle-même un
aliment. Tout ceci est bien
étranger au monde intellectuel
des juristes où il n'est
évidemment jamais question de
se manger en famille, et où
la notion même d'aliments n'est
évoquée
qu'exceptionnellement, pour
aussitôt se dématérialiser dans
l'acception du minimum vital.

Pourtant, c'est le contraste entre la
prolixité et le mutisme
qui impose la rencontre des deux
approches : le droit civil
|