_____________________________________________________________
objet), devient corporelle par destination et, en même temps,
l'un des éléments de cette personne par destination qu'est le
corps. Cette qualité peut même s'étendre à des objets extérieurs
au corps mais qui sont à son service. C'est la raison pour
laquelle un appareil dentaire ou une paire de béquille sont
aujourd'hui reconnus par la loi et la jurisprudence comme
entrant dans la sphère de l'intégrité corporelle : ils ne peuvent,
par exemple, être saisis par un créancier et même pas par le
vendeur impayé17.
**********
Voilà les riches enseignements d'une vision grotesque du
corps. Peut-être faut-il en plus s'entendre sur ce que signifie
mon entreprise.
Je voudrais que la vision juridique, à l'instar de la
figuration grotesque, accepte de voir le corps comme une chose
parmi les choses et cela, justement, pour le distinguer des autres
choses.
Voir le corps dans sa réalitépermet de mieux protéger
l'homme en son intégrité et en sa dignité. Lorsque, il y a près
d'un demi-siècle, les biotechnologies ont permis à de la matière
humaine de vivre en dehors du corps, les juristes ont décidé de
n'en rien dire, de ne pas qualifier cet humain hors du corps, ce
qui aurait conduit nécessairement à reconnaître cette évidence
que, si on le distingue de la personne, le corps ne peut être
qu'une chose. Mais, pour éviter que le sang, la cornée, puis les
autres produits corporels, ne soient traités comme des
marchandises ils ont refusé d'avouer qu'il s'agissait de choses18.
Les produits corporels se sont ainsi trouvés, pendant plus
de quatre décennies dans une zone d'imprécision juridique
17
18Ibid.
Pour plus de détails : J.P. BAUD, L'affaire de la main volée..., p. 17-29
et 187-211.
|
|