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Jean-Pierre Baud

Le corps, chose au milieu des
choses

paru dans

Le poids du corps

Ecole régionale des Beaux-Arts du Mans, 1995, p. 15-31

© 1995 Jean-Pierre Baud

Le grotesque rappelle une évidence et dénonce une
censure.
Il rappelle que le corps est une chose et dénonce un
système juridique qui censure la
réalité, notion à entendre en sa
pleine signification de ce qui
existe en tant que chose. En
insistant sur le contact que le corps entretient avec les choses, en
montrant que c'est une chose au milieu des choses, le grotesque
rappelle que le monde du droit civil, cette civilité qui fonde
notre civilisation, fut le produit d'une désincarnation du droit
1.
Je ne prétends pas faire ici l'apologie du grotesque pour
dénoncer la civilité héritée du droit romain. Au contraire, je
l'estime admirable, ce droit civil qui, rompant avec les droits
archaïques, a mis la volonté humaine au coeur de son système.
Dans le droit civil, l'homme est plus fort que la force des choses
alors que, dans les droits archaïques, les choses sont le relais de
sacralité permettant aux forces surnaturelles de s'imposer aux
hommes, lesquels en sont réduits à tenter de manipuler ces


IMAGE Imgs/baud-le_corps01.gif

1Sur le grotesque mettant le corps en contact avec les autres choses, voir : M.
BAKHTINE, L'oeuvre de François Rabelais et la culture populaire au
Moyen Age et sous la Renaissance
, Paris, Gallimard, 1970, p. 34-43.

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