Le grotesque rappelle une évidence et dénonce une censure. Il rappelle que le corps est une chose et dénonce un système juridique qui censure la réalité, notion à entendre en sa pleine signification de ce qui existe en tant que chose. En insistant sur le contact que le corps entretient avec les choses, en montrant que c'est une chose au milieu des choses, le grotesque rappelle que le monde du droit civil, cette civilité qui fonde notre civilisation, fut le produit d'une désincarnation du droit1. Je ne prétends pas faire ici l'apologie du grotesque pour dénoncer la civilité héritée du droit romain. Au contraire, je l'estime admirable, ce droit civil qui, rompant avec les droits archaïques, a mis la volonté humaine au coeur de son système. Dans le droit civil, l'homme est plus fort que la force des choses alors que, dans les droits archaïques, les choses sont le relais de sacralité permettant aux forces surnaturelles de s'imposer aux hommes, lesquels en sont réduits à tenter de manipuler ces    1Sur le grotesque mettant le corps en contact avec les autres choses, voir : M. BAKHTINE, L'oeuvre de François Rabelais et la culture populaire au Moyen Age et sous la Renaissance, Paris, Gallimard, 1970, p. 34-43.
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